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maison, les grands et les riches négocians imitent l’exemple du roi ; ils ont jusqu’à d’habiles cuisiniers nègres, qui ont pris des leçons dans nos comptoirs ; et les facteurs qui dînent chez eux ne trouvent pas de différence entre leur table et celle des meilleures maisons de l’Europe. Ils ont déjà pris l’usage de faire des provisions de vins d’Espagne et de Canarie, de Madère, et même de France. Ils aiment l’eéau-de-vie et les liqueurs fines ; ils savent distinguer les meilleures. Les confitures, le thé, le café et le chocolat ne leur sont plus étrangers. Le linge de leur table est fort beau. Ils ont jusqu’à de la vaisselle d’argent et de la porcelaine. Enfin, loin de conserver aucune trace de l’ancienne barbarie, ils sont non-seulement civilises, mais polis. Cet éloge ne regarde néanmoins que les grands et les riches ; car on aperçoit peu de changement dans le peuple.

En 1670, un commandant français, nommé d’Elbée, fit un voyage dans le royaume d’Ardra, voisin de celui de Juida. Les Français y avaient un comptoir dans le canton d’Offra. D’Elbée pria le roi de leur laisser la liberté d’en bâtir un autre à leur gré, parce que celui qu’il leur avait donné lui-même était trop petit et fort incommode. Il le supplia de donner des ordres pour la sûreté du directeur et des facteurs d’Offra. Le monarque répondit que les Français pouvaient compter sur sa protection ; qu’il ne souffrirait pas qu’on leur donnât le moindre sujet de plainte, et qu’il allait même ordonner