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torrens : elle est aussi ardente que si elle avait été chauffée sur le feu. Dans les lieux étroits, l’air est aussi chaud qu’il nous le paraît en Europe à l’ouverture d’un four. Il n’y a point d’autre ressource que de se faire rafraîchir continuellement par les Nègres avec de grands éventails de peau.

Le terroir de Juida est rouge ; il est aussi fertile qu’on en peut juger par les trois moissons qu’il produit annuellement. Cependant les arbres sont rares sur la côte, jusqu’à ce qu’on ait passé l’Eufrate ; c’est pourquoi l’on regarde comme un grand crime, dans la nation, de les abattre ou d’en couper même une branche. Ils sont respectés des Nègres comme autant de divinités. Les étrangers ne sont pas moins sujets à cette loi que les habitans. Il en coûta cher à quelques Hollandais pour avoir entrepris un jour de couper un arbre ; leurs marchandises furent pillées, et plusieurs de leurs gens massacrés. Desmarchais juge que cette consécration des arbres est une invention politique des rois du pays pour empêcher que le peu qui en reste ne soit entièrement détruit.

Le pays est rempli de palmiers ; mais les habitans ont peu de goût pour le vin qu’on en tire. Leur bière est une liqueur qu’ils préfèrent au vin, et la plupart ne cultivent leurs palmiers qu’à cause de l’huile.

Le fromager ou polou produit, comme on l’a vu plus haut, une espèce de duvet court, mais d’une grande beauté, qui fait de fort