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qu’il reçoit de tous les Nègres rendrait sa vie fort heureuse, si elle ne dépendait pas de celle d’autrui ; mais elle doit être empoisonnée continuellement par l’idée du sort qui le menace. À peine le roi est-il mort qu’on le garde soigneusement à vue ; et sa tête est la première qui tombe aussitôt que les femmes ont disparu dans le tombeau.

Autant les Nègres de la côte d’Or sont belliqueux, autant ceux de Juida sont timides. On a vu qu’en 1726 ils se laissèrent battre honteusement par une poignée de Nègres du royaume de Dahomay. Ce n’est point un déshonneur dans la nation d’avoir abandonné son poste et ses armes pour prendre la fuite. Outre que les grands en donnent toujours l’exemple, chacun est porté par son propre intérêt à justifier dans autrui ce qu’il aurait fait lui-même.

Les Nègres de Juida ont pourtant un grand avantage sur leurs voisins : ils sont pourvus d’armes à feu, et s’en servent fort habilement. Avec du courage et de la conduite, ils donneraient bientôt la loi à toutes les nations qui les environnent.

Dans cette région, la saison des pluies commence au milieu du mois de mai et finit au commencement du mois d’août : c’est un temps dangereux pendant lequel les habitans mêmes ne se déterminent pas aisément à sortir de leurs cabanes ; mais le péril est encore plus redoutable pour les matelots européens. L’eau du ciel tombe moins en gouttes de pluie qu’en