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encore ne doivent-ils leur sûreté qu’à leur cortége, qui est assez bien armé pour les garantir des insultes de la populace. Les femmes ne peuvent faire un pas sans avoir quelque outrage à redouter. Enfin le désordre et le tumulte sont extrêmes ; heureusement qu’ils ne durent pas plus de quatre ou cinq jours après la publication de la mort du roi. Les grands emploient ce temps à chercher le prince qui doit lui succéder : ils l’amènent au palais ; une décharge de l’artillerie avertit le peuple qu’on lui a donné un nouveau roi : au même instant tout rentre dans l’ordre, le commerce renaît, les marchés sont rouverts, et chacun retourne à ses occupations ordinaires.

Aussitôt que le nouveau roi s’est mis en possession du palais, il donne des ordres pour les funérailles de son père. Cette cérémonie est annoncée par trois décharges de cinq pièces de canon : l’une à la pointe du jour, l’autre à midi, et la troisième au coucher du soleil. La dernière est suivie d’une infinité de cris lugubres, surtout dans le palais et parmi les femmes. Le grand-sacrificateur, qui a la direction de cette pompe funèbre, fait creuser une fosse de quinze pieds carrés et cinq pieds de profondeur. Au centre, on fait, en forme de caveau, une ouverture de huit pieds carrés, au milieu de laquelle on place le corps du roi avec beaucoup de cérémonie. Alors le grande sacrificateur choisit huit des principales femmes qui sont vêtues de riches habits et chargées de