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jeune homme, incapable de trahir ce qu’il avait aimé, méritaient un meilleur sort ; mais ses maîtresses ne méritaient guère un amant si généreux.

La rigueur de la loi sur cet article rend les femmes extrêmement circonspectes dans leurs intrigues, surtout celles du roi. Elles se croient obligées de s’aider mutuellement pour toutes sortes de services ; mais la surveillance des hommes est si exacte sur leur conduite, qu’elles échappent rarement à la punition. La sentence de mort, suit immédiatement le crime, et les circonstances de l’exécution sont terribles. Les officiers du roi font creuser deux fosses, longues de six ou sept pieds, sur quatre de largeur et cinq de profondeur ; elles sont si près l’une de l’autre, que les deux criminels peuvent se voir et se parler. Au milieu de l’une on plante un pieu auquel on attache la femme, les bras derrière le dos ; elle est liée aussi par les genoux et par les pieds. Au fond de l’autre fosse, les femmes du roi font un amas de petits fagots. On plante aux deux bouts deux petites fourches de bois. L’amant est lié contre une broche de fer, et serré si fortement, qu’il ne peut se remuer. On place la broche sur les deux fourches de bois, qui servent comme de chenets ; alors on met le feu aux fagots. Ils sont disposés de manière que l’extrémité de la flamme touche au corps et rôtit le coupable par un feu lent. Ce supplice serait d’une horrible cruauté, si l’on ne prenait soin de lui tourner