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pieds de son mari, lui demanda pardon avec beaucoup de larmes ; et, lui ayant promis solennellement de ne jamais retomber dans la même faute, elle obtint grâce pour la première. Le Nègre convenait que cette démarche avait été fort hardie, et que, si les prêtres en avaient eu le moindre soupçon, elle lui aurait peut-être coûté la vie.

Le ministère de la religion est partagé entre les deux sexes. Les prêtres et les prêtresses sont si respectés, que ce seul titre les met à couvert du dernier supplice pour toutes sortes de crimes. Cependant un de leurs rois ne fit pas difficulté de violer cet usage, du consentement de tous les grands. Un prêtre s’étant engagé dans une conspiration contre l’état et contre la personne du roi, ce prince le fit punir de mort avec plusieurs autres coupables.

Les fetichères, ou les prêtres, ont un chef qui les gouverne, et qui n’est pas moins considéré que le roi. Son pouvoir balance même assez souvent l’autorité royale, parce que, dans l’opinion qu’il converse familièrement avec le grand fétiche, tous les habitans le croient capable de leur causer beaucoup de mal ou de bien. Il profite habilement de cette prévention pour humilier le roi, et pour forcer également le maître et les sujets de fournir à tous ses besoins.

Le grand-prêtre ou le grand-sacrificateur est le seul qui puisse entrer dans l’appartement secret du serpent ; et le roi même ne voit cette