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que les porcs, sans quoi ces ridicules divinités multiplieraient tant, que tout le royaume en serait couvert.

Dans toutes les parties du royaume il y a des loges ou des temples pour l’habitation et l’entretien des serpens ; mais la principale loge, ou le temple cathédral, est située à deux milles de la ville royale de Sabi ou de Xavier, sous un grand et bel arbre. C’est dans ce sanctuaire que le chef et le plus gros des serpens fait sa résidence. Il doit être fort vieux, suivant le récit des Nègres, qui le regardent comme le premier père de tous les autres. On assure qu’il est de la grosseur d’un homme et d’une longueur incroyable.

Les plus grandes fêtes qu’on célèbre à l’honneur du serpent sont deux processions solennelles qui suivent immédiatement le couronnement du roi. C’est la mère de ce prince qui préside à la première, et, trois mois après, il conduit lui-même la seconde. Chaque année, il s’en fait une autre qui a le grand-maître de la maison du roi pour guide ; mais la vue du serpent est une faveur que les prêtres n’accordent pas même au roi. Il ne lui est pas permis d’entrer dans l’édifice : il rend ses adorations par la bouche du grand-prêtre, qui lui apporte les réponses de la divinité. Ensuite la procession retourne à Sabi dans le même ordre.

Tous les ans, depuis le temps où l’on sème le maïs jusqu’à ce qu’il soit élevé de la hauteur