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le ciel ; ils lui attribuent le soin de punir le mal et de récompenser le bien ; ils croient que le tonnerre vient de lui ; ils reconnaissent que les blancs, qui lui adressent leur culte, sont beaucoup plus heureux que les Nègres, dont le partage est de servir le diable, méchante et pernicieuse puissance, qu’ils n’ont pas la hardiesse d’abandonner , parce qu’ils redoutent la fureur de la populace.

Les habitans de Juida ont quelques notions de l’enfer, du diable et de l’apparition des esprits ; ils mettent l’enfer dans un lieu souterrain, où les méchans sont punis par le feu.

Les fétiches de Juida peuvent être divisés en deux classes, celle des grands et celle des petits : la première classe est celle des fétiches publics, le serpent, les arbres, la mer et l’Agoye.

L’Agoye est une hideuse figure de terre noire qui ressemble plus à un crapaud qu’à un homme : c’est la divinité qui préside aux conseils. L’usage est de la consulter avant de former une entreprise ; ceux qui ont besoin de ses inspirations s’adressent d’abord au sacrificateur, et lui expliquent le sujet qui les amène ; ensuite ils offrent leur présent à l’Agoye, sans oublier de payer le droit du prêtre : il fait quantité de grimaces que le suppliant regarde avec beaucoup de respect ; il jette des balles au hasard, d’un plat dans l’autre, jusqu’à ce que le nombre se trouve impair dans chaque plat : il répète plusieurs fois cette opération ; et, si le nombre continue d’être impair, il déclare que