Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourraient recevoir des leçons de ces habiles Négresses, soit dans l’art du débit, soit dans celui des comptes. Aussi les hommes se reposent-ils entièrement sur leur gestion.

La monnaie courante dans tous les marchés est de la poudre d’or ou des bedjis. Comme on ne connaît pas l’usage du crédit, les marchands n’ont pas l’embarras des livres de compte.

Les Européens, les seigneurs de Juida, et les Nègres riches se font porter dans des hamacs sur les épaules de leurs esclaves. C’est du Brésil que viennent les plus beaux hamacs : ils sont de coton. Les uns sont d’une étoffe continue, comme le drap ; les autres à jour, comme nos filets pour la pêche. Leur longueur ordinaire est de sept pieds, sur dix, douze et quatorze de largeur. Aux deux extrémités il y a cinquante ou soixante nœuds d’un tissu de soie ou de coton, que les Nègres appellent rubans, chacun de la longueur de trois pieds. Tous les rubans de chaque bout s’unissent pour composer une chaîne, au travers de laquelle on passe une corde, qu’on attache des deux côtés au bout d’une perche de bambou longue de quinze ou seize pieds ; de sorte que le hamac suspendu prend la forme d’un demi-cercle. Deux esclaves portent les deux extrémités de la perche sur leur tête. La personne qui se fait porter s’assied ou se couche de toute sa longueur dans le hamac ; mais elle ne se met pas en ligne directe, parce que, dans cette situation, elle aurait le corps plié et les pieds