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Le pays est arrosé par deux ruisseaux qui méritent néanmoins le nom de rivières, et qui descendent tous deux du royaume d’Ardra. Celui qui est le plus au sud coule à la distance d’une lieue et demie de la mer, et porte le nom d’Iakin, qu’il tire d’une ville du royaume d’Ardra ; l’eau en est jaunâtre. Il n’est navigable que pour les pirogues ; à peine a-t-il trois pieds de profondeur ; et, dans plusieurs endroits, il en a beaucoup moins.

Le second, qui se nomme Eufrates (on ne sait pas pourquoi ce nom grec se trouve en Guinée), arrose la ville d’Ardra, et va passer à la distance d’une lieue de Sabi ou Xavier, capitale du royaume de Juida ; il est plus large et plus profond que le premier ; son eau est excellente, et, s’il n’était pas bouché par quelques bancs de sable, il serait navigable. Les rois de Juida ont établi depuis long-temps à tous ses gués une sorte de douane où tous les passans sont obligés de payer deux bedjis ou cauris. Les grands du pays, et les Européens mêmes, ne sont pas exempts de ce droit.

Tous les Européens qui ont fait le voyage de Juida conviennent que c’est une des plus délicieuses contrées de l’univers. Les arbres y sont d’une grandeur et d’une beauté admirables, sans être offusqués, comme dans les autres parties de la Guinée, par des buissons et de mauvaises plantes. La verdure des campagnes, qui ne sont divisées que par des bos-