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s’engagea dans un combat fort animé. Il vomissait son venin tandis que ses deux adversaires le perçaient de leurs dards ; mais les Nègres terminèrent la bataille en tuant les trois champions à coups de fusil : ils les apportèrent à Maouri, où, rassemblant leurs camarades, ils en firent ensemble un festin délicieux.

En réparant les murs du fort hollandais de Maouri, les ouvriers découvrirent un grand serpent sous un monceau de pierres, et résolurent aussitôt de le prendre. Après avoir remué une partie des pierres, un maçon nègre, voyant passer la queue du serpent, s’en saisit ; mais, n’ayant pas la force de la tirer, il prit le parti de la couper avec son couteau ; et, se flattant d’avoir mis le monstre hors d’état de lui nuire, il continua d’écarter le reste des pierres. Aussitôt que le serpent se vit à découvert, il s’élança sur le maçon, et lui couvrit le visage d’un venin si dangereux qu’il le rendit aveugle sur-le-champ ; cependant ses yeux se rouvrirent, et la vue lui revint, après avoir été quelques jours dans cette situation. Bosman, observa souvent parmi les Nègres que la morsure d’un serpent les fait d’abord enfler, et leur cause de vives douleurs, mais qu’ils reviennent ensuite à leur premier état ; d’où il conclut que le poison a différens degrés de force, et que, s’il est quelquefois mortel, il n’est capable ordinairement que de blesser. Dans le royaume de Juida, la plupart des serpens ne causent aucun mal. Smith confirme