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mais surtout à profiter du mouvement d’une vague pour faire avancer, à l’aide des rames, leur pirogue fort loin sur le rivage ; après quoi, sautant à terre, ils la transportent encore plus loin pour la garantir du retour des flots. Si l’on avait le malheur d’être renversé, il serait fort difficile de se sauver à la nage, quand on n’aurait que la violence de la mer à combattre ; mais, en y joignant le danger des requins, qui suivent toujours les canots en grand nombre pour attendre leur proie, on peut dire qu’il est presque impossible d’échapper.

Les vaisseaux qui viennent à Juida pour le commerce ont toujours sur le rivage des tentes qui leur servent de magasins pour mettre leurs marchandises à couvert. Smith, en débarquant, s’approcha d’une tente française, où le matelot qui en avait la garde lui offrit en langue anglaise un verre d’eau-de-vie, qu’il accepta. Il y avait dans la tente un grand nombre de barils, dont le dehors paraissait mouillé. Smith en ayant demandé la raison, le matelot français lui répondit que les barils n’avaient été débarqués que le matin, et qu’ils avaient beaucoup souffert au passage. Il ajouta qu’au débarquement un matelot français s’étant hasardé trop loin dans l’eau pour reprendre un baril que les vagues emportaient, avait été saisi par un jeune requin, contre lequel il s’était fort bien défendu avec son couteau ; mais que la même vague qui le ramenait ayant apporté deux autres requins monstrueux, il