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frandes de riz, de millet, de maïs, de pain, de vin, d’huile et de fruits, qu’ils laissent respectueusement au pied.

Les pierres fétiches ressemblent aux bornes qui sont en usage dans quelques parties de l’Europe pour marquer la distinction des champs. Dans l’opinion des Nègres, elles sont aussi anciennes que le monde.

Les Nègres sont persuadés que leur fétiche voit et parle ; et lorsqu’ils commettent quelque action que leur conscience leur reproche, ils le cachent soigneusement sous leur pagne, de peur qu’il ne les trahisse. Quand Louis XI conjurait sa petite Vierge de détourner les yeux pour ne pas voir les meurtres et les crimes qu’il commettait, valait-il mieux que le Nègre cachant le fétiche sous son pagne ?

Ils craignent beaucoup de jurer par les fétiches ; et, suivant l’opinion généralement établie, il est impossible qu’un parjure survive d’une heure à son crime. Lorsqu’il est question de quelque engagement d’importance, celui qui a le plus d’intérêt à l’observation du traité demande qu’il soit confirmé par le fétiche. En avalant la liqueur qui sert à cette cérémonie, les parties y joignent d’affreuses imprécations contre elles-mêmes, s’il leur arrive de violer leur engagement. Il ne se fait aucun contrat qui ne soit accompagné de cette redoutable formalité. Mais Bosman remarquait que depuis quelque temps on ne faisait plus le même fond sur ces sermens, parce que l’argent était