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du gouvernement de la maison ; celle qui la suit en dignité porte le titre de bossoum, parce qu’elle est consacrée au fétiche de la famille. Les maris sont fort jaloux de ces deux femmes, surtout de la bossoum, qui est ordinairement quelque belle esclave achetée à fort grand prix. L’avantage qu’elle a d’appartenir à la religion lui donne certains jours réglés pour coucher avec son mari, tels que l’anniversaire de sa naissance, les fêtes du fétiche et le jour du sabbat, qui est le mercredi. Ainsi la condition de cette femme est fort supérieure à celle de toutes les autres, qui sont condamnées à des travaux pénibles pour entretenir leur mari tandis qu’il passe son temps dans l’oisiveté, à jaser ou à boire du vin de palmier avec ses amis.

La principale femme, ou la mulière-grande, prend soin de l’argent et des autres richesses de la maison. Loin de marquer de la jalousie lorsqu’elle voit prendre d’autres femmes à son mari, elle l’en sollicite souvent, parce que dans ces occasions elle reçoit de la nouvelle femme un présent de cinq akkis d’or, ou parce que, sur la côte d’Or, l’honneur et la richesse des familles consistent dans la multitude des femmes et des enfans. D’ailleurs il paraît que le mari est obligé d’acheter son consentement moyennant une certaine somme d’or. Toutes les femmes qu’il prend de cette manière sont distinguées par le titre d’étigafou, qui revient à celui de concubine ; elles ont la liberté d’a-