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devenant une règle pour sa postérité, elle a continué jusqu’aujourd’hui la même pratique.

La boisson commune du pays est de l’eau simple, ou du peytou, liqueur qui ne ressemble pas mal à la bière, et qui se brasse avec du maïs. Ils achètent aussi du vin de palmier, en se joignant cinq ou six pour en avoir une mesure du pays qui contient environ dix pots de Hollande. Ils se placent autour de leur calebasse et boivent à la ronde. Mais, avant de commencer la fête, chacun prend soin d’envoyer quelques verres de cette liqueur à la plus chère de ses femmes. Alors celui qui doit boire le premier remplit un petit vase qui sert de tasse, tandis que les autres, se tenant debout autour de lui, les mains sur sa tête prononcent en criant le mot de tantosi. Il ne doit point avaler tout ce qui est dans la tasse ; mais, laissant quelques gouttes de liqueur, la répand sur la terre, comme une offrande au fétiche, en répétant plusieurs fois le mot you. Ceux qui ont leur fétiche avec eux, soit qu’ils le portent à la jambe ou au bras, l’arrosent d’un peu de vin, et sont persuadés que, s’ils négligeaient cette cérémonie, ils ne boiraient jamais tranquillement.

L’eau et le peytou se boivent le matin, et les Nègres ne touchent point au vin de palmier avant la nuit. La source de cet usage est l’heure de la vente, qui est toujours l’après-midi pour le vin de palmier. Le vin ne pouvant se garder jusqu’au jour suivant, parce