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chez eux, cent ans après les Portugais, on a peine à concevoir comment ils ont consenti que les Anglais, les Hollandais et les Danois bâtissent des forts dans leur pays. Mais telle est la force des présens, dans le pays même de l’or. C’est avec des présens qu’on obtint des rois de cette contrée la permission d’élever ces funestes boulevards où l’on a depuis forgé les chaînes des malheureux Africains. Des tyrans stupides ont vendu la liberté de leurs sujets, et ont été souvent traités eux-mêmes en esclaves par les maîtres qu’ils s’étaient donnés.

Il est assez inutile de présenter à nos lecteurs l’ennui d’une description géographique de Fantin, de Sabo, d’Akron, d’Agonna, d’Akambo, etc., et de tous les cantons barbares nommés royaumes de la côte d’Or. Nous ne nous arrêterons qu’à ce qui peut être un objet de curiosité ou d’instruction.

Dans le pays d’Akra, l’on trouve de petits daims qui n’ont pas plus de huit ou neuf pouces de hauteur, et dont les jambes ne sont pas plus grosses que le tuyau d’une plume. Les mâles ont deux cornes longues, de deux ou trois pouces, sans branches et sans division, mais tortues et d’un noir aussi luisant que le jais. Rien n’est si doux, si joli, si privé et si caressant que ces petites créatures ; mais elles sont si délicates, qu’elles ne peuvent supporter la mer ; et tous les soins qu’on a pris pour en transporter quelques-unes en Europe ont été jusqu’à présent sans succès.