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de-vie et des clincailleries d’Europe : semblables à des esclaves révoltés qui viennent demander leur nourriture au maître qui vient de les châtier. Si ces peuples avaient voulu tirer une vengeance sûre et facile de leurs oppresseurs, ils n’avaient qu’à se retirer dans l’intérieur des terres ; l’émigration est toujours aisée pour des hordes indigentes, et les tyrans de la côte n’auraient pas pu les poursuivre dans les sables de la zone torride. Quelquefois cependant ces peuplades d’esclaves ont donné d’effrayans exemples de courage et de désespoir : c’est ainsi du moins que les Hollandais perdirent un établissement qu’ils avaient à Eguira. Leur chef, ayant pris querelle avec un des principaux seigneurs nègres, le tenait assiégé dans l’enclos de ses maisons. Le Nègre, hors d’état de résister après avoir tiré avec des lingots d’or au lieu de plomb, fit connaître par des signes qu’il consentait à traiter, et donna de grandes espérances aux Hollandais. C’était un artifice pour envelopper ses ennemis dans sa ruine. Il chargea un de ses esclaves de mettre le feu dans un lieu qu’il lui marqua, lorsqu’il lui entendrait frapper la terre d’un coup de pied. Ensuite, ayant reçu les Hollandais pour négocier, il n’attendit pas long-temps à donner le signal, ni l’esclave à suivre fidèlement ses ordres. Plusieurs barils de poudre, qu’il avait disposés pour cette exécution, firent sauter la maison et tous ceux qui avaient eu l’imprudence d’y entrer. Le seul qui eut le bonheur