taient au marché des cochons et des fruits. Une quantité de plumes aussi peu considérable que celle qu’on tire d’une mésange nous procura d’abord un cochon du poids de quarante à cinquante livres ; mais comme à bord il n’y avait peut-être pas un seul homme qui ne possédât une portion quelconque de cette marchandise précieuse, sa valeur diminua de cinq cents pour cent avant la nuit. Cependant, après cette énorme diminution de prix, les échanges continuaient néanmoins à nous être fort avantageux, et les plumes rouges l’emportèrent toujours sur toute autre marchandise. Quelques insulaires ne voulaient échanger un cochon que contre une hache ; mais les clous, les grains de verroterie, et les bagatelles de cette espèce, qui avaient eu une si grande vogue dans nos voyages antérieurs, étaient alors si avilis qu’à peine les regardait-on.
» Nous ne mouillâmes qu’à neuf heures dans la baie. La sœur d’O-maï arriva à bord peu de temps après. Je vis avec un extrême plaisir qu’ils se donnèrent l’un et l’autre des marques de la plus tendre affection ; il est plus aisé de concevoir que de décrire leur bonheur.
» Cette scène attendrissante terminée, je descendis à terre avec O-maï. Je voulais surtout faire une visite à un homme que mon ami me peignait comme un personnage bien extraordinaire ; car, à l’en croire, c’était le dieu de Bolabola. Nous le trouvâmes assis sous un de ces tendelets dont ils se servent dans leurs plus