seau et tous les hommes de mes équipages. Ainsi mon arrivée à Taïti excita une grande surprise de toute manière : le véridique personnage fit croire aux gens du pays ce mensonge, et beaucoup d’autres aussi peu vraisemblables. Si l’Espagne n’avait pour but, dans cette expédition, que de déprécier les Anglais, elle pouvait se dispenser d’envoyer si loin ses vaisseaux ; car mon retour parmi les Taïtiens réfuta complétement tout ce que Matima leur avait dit.
» J’ignore quelle fut l’intention des prêtres espagnols qui s’établirent à Taïti pour quelques mois ; on ne peut que former des conjectures à cet égard. S’ils voulaient convertir les insulaires, ils n’ont pas fait un seul prosélyte ; mais il ne paraît pas qu’ils l’aient jamais essayé : car on me dit qu’ils ne parlèrent point de religion. Ces prêtres ne s’éloignèrent pas de la maison bâtie par leurs compatriotes à Oheitepeha ; mais Matima parcourut la plupart des cantons de l’ile : enfin ils se trouvaient à Taïti depuis dix mois, lorsque deux vaisseaux de leur nation arrivèrent à Oheitepeha, et ils s’embarquèrent cinq jours après. Ce brusque départ annonce que, s’ils songèrent d’abord à former un petit établissement, ils ne tardèrent pas à changer de dessein. J’appris cependant d’O-tou et de quelques autres naturels qu’avant de mettre à la voile, ils eurent soin d’avertir qu’ils reviendraient et qu’ils amèneraient des maisons, des animaux de