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eu à me plaindre d’aucun vol important. Ce n’est pas que je croie aux progrès du caractère moral des Taïtiens sur cet article ; je pense plutôt qu’il faut attribuer la régularité de leur conduite aux soins des chefs : ces chefs craignaient de voir suspendre un trafic qui leur donnait plus de marchandises qu’ils n’auraient pu en obtenir par des vols et des larcins. Je ne manquai pas de les en avertir moi-même immédiatement après mon arrivée. Frappé de la grande quantité de provisions qu’offrait l’île, et de l’empressement que montraient les naturels pour nos marchandises, je résolus de profiter de ces deux circonstances favorables, et je déclarai de la manière la plus positive que je ne supporterais pas les vols des gens du pays comme je les avais soufferts autrefois. O-maï me fut en cela très-utile ; je lui recommandai de leur bien expliquer les heureux effets qu’aurait leur honnêteté, et les suites funestes qu’entraîneraient leurs friponneries ; en un mot, je lui fis sa leçon, et il la dit à merveille.

» Les chefs ne peuvent pas toujours empêcher les vols ; on les vole souvent eux-mêmes, et ils s’en plaignent comme d’un grand mal. O-tou laissa entre mes mains, jusqu’à la veille de mon départ, les choses qu’il avait obtenues de nous ; lorsqu’il m’en chargea, il me dit qu’elles ne seraient pas en sûreté ailleurs. Depuis que ce peuple connaît de nouvelles richesses, ses dispositions au vol doivent avoir augmenté.