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mille, et je n’ai pas toujours fait mention de ce que je donnais de mon côté. Lorsque les habitans de ces îles font un présent, ils laissent entrevoir ce qu’ils espèrent en retour, et nous étions obligés de les satisfaire ; ainsi ce qu’on avait l’air de nous offrir gratuitement nous coûtait plus que ce que nous achetions ; mais lorsque nous éprouvions un moment de disette, et qu’on n’apportait rien au marché, nous pouvions recourir à nos amis ; et en tout cette manière de trafiquer fut aussi avantageuse pour nous que pour eux. En général, je payais tout de suite chacun des présens qu’on me fit ; j’en excepte ceux que je reçus d’O-tou. Ses largesses furent si multipliées et si fréquentes, que nous ne comptions ni l’un ni l’autre. Je lui offrais sur-le-champ les choses qu’il me demandait, lorsqu’elles ne m’étaient pas nécessaires, et je le trouvai toujours modéré dans ses demandes.

» Si j’avais pu déterminer O-maï à se fixer ici, je ne serais pas parti sitôt ; car, à l’époque où je quittai l’île, on nous fournissait des rafraîchissemens en si grande quantité et à si bon marché, que je n’espérais pas rencontrer ailleurs le même avantage : il régnait d’ailleurs entre nous et les habitans une amitié si cordiale et une confiance si entière, qu’il était difficile d’espérer un pareil avantage sur d’autres îles du groupe de la Société. Il est assez extraordinaire que cette correspondance amicale n’ait pas été troublée une seule fois, et que je n’aie