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chesses. Leur complot aurait réussi, si je n’avais pris à temps les trésors de mon ami sous ma garde. Cette précaution n’eût pas même été suffisante, si j’eusse permis à ces fripons de le suivre à Houaheïné, où il avait le dessein de s’établir. C’était leur projet de ne point le quitter ; mais je leur défendis de se montrer à Houaheiné tant que je me trouverais dans ces parages, et ils me connaissaient trop bien pour enfreindre mes ordres.

» O-tou vint à bord le 28 ; il me pria d’accepter une pirogue, et de l’offrir de sa part à l’éri-rahié no Bretané[1] ; il me dit que, voulant envoyer quelque chose à un si grand monarque, il n’avait rien imaginé de mieux. Je fus charmé de sa reconnaissance ; il avait seul le mérite de cette galanterie ; personne d’entre nous ne lui en avait donné l’idée : ce qui nous prouva qu’il savait bien à qui il était redevable des trésors que nous lui avions apportés. Je crus d’abord qu’il voulait me donner un modèle en petit de leurs bâtimens de guerre ; mais je reconnus bientôt qu’il s’agissait d’un ivahah de seize pieds de longueur. Elle était double, et je jugeai qu’on l’avait construite exprès, car elle était décorée de beaucoup de sculptures : elle m’aurait trop gêné, et je le remerciai de sa bonne volonté : je vis que je lui aurais fait plus de plaisir en l’acceptant.

» Des brises légères de l’ouest et des calmes nous retinrent à Taïti quelques jours de plus

  1. Au roi de la Grande-Bretagne.