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boiteux ; mais que bientôt ils causeraient en particulier : il me dit probablement la vérité, car les insulaires que nous avions laissés près d’O-tou, vinrent bientôt nous trouver, et O-tou lui-même arriva environ dix minutes après : nous allâmes tous nous coucher dans sa pirogue.

» Le lendemain au matin, ils préparèrent une grande quantité de kava ; l’un d’eux en but tellement, qu’il perdit l’usage de ses sens. Il avait des convulsions si fortes, que, si je n’en avais pas connu la cause, je l’aurais supposé très-malade : deux hommes le tenaient par les cheveux. J’abandonnai cette scène pour en voir une autre plus touchante, l’entrevue de Toaouha, de sa femme et d’une jeune personne qui me parut être sa fille. Après avoir découpé sa tête de manière à en faire sortir beaucoup de sang, et après avoir bien pleuré, elles se lavèrent et embrassèrent le chef d’un air tranquille ; mais la jeune fille n’était pas encore au bout de ses souffrances, Terridiri[1] arriva ; alors elle répéta avec un maintien calme tout ce qu’elle avait fait avant d’aborder son père. Toaouha avait amené une grande pirogue de guerre d’Eimeo ; je lui demandai s’il avait tué les guerriers qui la montaient, et il me répondit qu’elle n’avait point d’hommes à bord lorsqu’il la prit.

» Nous partîmes de Tettaha entre dix et onze heures, et nous débarquâmes près du moraï d’Attahourou, un peu après midi. Nous trou-

  1. Terridiri est fils d’Obéréa.