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sives. Si les deux partis ont fixé l’époque et le lieu de l’action, ils passent dans des amusemens et des festins la journée de la veille et la nuit. Ils lancent à l’eau leurs pirogue ; ils font leurs préparatifs au lever de l’aurore, et ils commencent le combat avec le jour : son issue termine ordinairement la dispute ; les vaincus s’enfuient à la hâte ; ceux qui atteignent la côte s’empressent de gagner les montagnes, et d’emmener leurs amis. Les vainqueurs qui, durant l’accès de leur furie, n’épargnent ni les vieillards, ni les femmes, ni les enfans, s’assemblent le lendemain au moraï pour remercier l’éatoua de la victoire qu’ils viennent de remporter, et lui offrir en sacrifice les guerriers qu’ils ont tués, et les prisonniers eux-mêmes, s’ils en ont fait quelques-uns : on négocie ensuite un traité, dont en général ils dictent les conditions ; ils obtiennent des territoires particuliers, et quelquefois des îles entières. O-maï nous apprit qu’il avait été fait prisonnier par les habitans de Bolabola ; qu’il fut mené dans la patrie des vainqueurs, et que lui et tous ses compagnons de captivité auraient été mis à mort le lendemain, s’ils n’étaient pas venus à bout de se sauver pendant la nuit.

» Après ce combat simulé, O-maï endossa sa cuirasse, et le reste de son armure de l’ancienne chevalerie ; il monta sur la plate-forme de l’une des pirogues, et les rameurs le menèrent en triomphe le long du rivage de la baie ; en sorte que tous les naturels purent le con-