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reculer. La sagacité et la promptitude du coup d’œil lui étaient nécessaires pour saisir les momens favorables, et éviter ce qui devait offrir de l’avantage à l’ennemi. Enfin, lorsque les pirogues eurent avancé et reculé, chacune au moins douze fois, elles s’abordèrent de l’avant. Après un combat de peu de durée, les guerriers de notre plate-forme parurent se laisser tuer jusqu’au dernier, et O-maï et ses camarades se rendirent maîtres de notre bâtiment. En cet instant, O-tou et nos rameurs se jetèrent à la mer, comme s’ils avaient été réduits à la nécessité de se sauver à la nage.

» Leurs batailles navales ne se livrent pas toujours de cette manière, si l’on peut compter sur les détails qu’O-maï nous donna. Il me dit que les insulaires commencent quelquefois par amarrer ensemble les deux pirogues, l’avant contre l’avant, et qu’ils combattent ensuite, jusqu’à ce que tous les guerriers d’un des bâtimens soient tués. Mais je crois qu’ils adoptent seulement cette manœuvre terrible lorsqu’ils ont résolu de vaincre ou de mourir. Ils ne doivent compter en effet que sur la victoire ou la mort ; car, de leur aveu, ils ne font jamais de quartier, à moins qu’ils ne réservent les prisonniers pour les tuer le lendemain d’une façon plus cruelle.

» La puissance et la force de ces peuples sont fondées sur leur marine. Je n’ai jamais ouï parler d’une action générale de terre, et c’est sur la mer qu’ils se livrent des batailles déci-