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Taïtiens n’avaient pas encore vu d’hommes portés sur ce quadrupède. Nos gens continuèrent depuis cette époque à monter chaque jour à cheval durant notre relâche ; cependant la curiosité des naturels ne diminua point : ayant vu l’usage que nous faisions des chevaux, ils les estimèrent beaucoup, et autant que je puis en juger, ce spectacle leur donna une plus haute idée de la grandeur des autres nations que toutes les nouveautés réunies offertes à leurs yeux par les navigateurs européens. Le cheval et la jument se portaient bien.

» Le 15, Etary ou Olla, c’est-à-dire le prétendu dieu de Bolabola, qui se tenait depuis quelques jours aux environs de Matavaï, se rendit à Oparri avec plusieurs pirogues à voile. On nous dit qu’O-tou n’aimait pas à le voir si près de notre camp ; qu’il craignait les vols des insulaires de la suite de ce prétendu dieu. Je dois déclarer, à la louange d’O-tou, qu’il prit tous les moyens possibles pour empêcher qu’on ne nous volât, et que, si on ne nous déroba que peu de chose, ce fut l’effet de sa prévoyance plutôt que de noire circonspection. Il avait fait construire deux petites maisons de l’autre côté de la rivière, derrière notre poste, et deux autres près de nos tentes, sur l’espace qui se trouvait entre la rivière et la mer. Quelques-uns de ses gens firent toujours sentinelle dans ces deux endroits ; son père résida ordinairement sur la pointe de Matavaï, et ainsi nous fûmes en quelque sorte environnés de gardes.