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contraction des muscles et des yeux ; les cheveux et les ongles se trouvaient en bon état, et ils adhéraient fortement à la peau : les diverses jointures avaient de la souplesse, ou étaient dans l’état de relâchement qui arrive aux personnes attaquées d’un évanouissement subit. M. Anderson, qui me communiqua ces remarques, fit des recherches sur les moyens qu’emploient les naturels pour conserver ainsi les corps ; et on lui dit qu’immédiatement après la mort, on tire par l’anus les intestins et les autres viscères ; qu’on remplit le ventre et l’estomac d’étoffes ; que s’il y a de l’humidité sur la peau, on la fait disparaître, et qu’on frotte ensuite tout le corps avec une quantité considérable d’huile de coco parfumée ; que cette friction le conserve assez long-temps sans qu’il tombe en pouriture. De mon côté, je ne pus me procurer sur cette opération d’autres détails que ceux d’O-maï. Il m’assura que les Taïtiens se servent alors du suc d’une plante qui croît parmi les montagnes, et de l’huile de coco ; qu’ils lavent souvent le corps avec de l’eau de mer : il m’apprit d’ailleurs qu’on conserve ainsi les restes, de tous les grands personnages qui meurent de mort naturelle ; qu’on les laisse exposés long-temps aux regards du public ; qu’on les montre d’abord à l’une des extrémités du toupapaou les jours où il ne pleut pas ; qu’ensuite les jours d’exposition deviennent plus éloignés, et qu’enfin on les voit rarement.