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procurer des amusemens continuels. Nous allâmes le 10 à Oparri, et il fit donner pour nous une espèce de comédie. Ses trois sœurs y jouèrent : elles avaient des habits neufs et élégans, du moins nous n’en avions pas encore vu sur ces îles d’aussi agréables à l’œil. Mais le principal objet de mon voyage à Oparri était d’examiner un corps embaumé, que quelques-uns de nos messieurs avaient vu par hasard près de la résidence d’O-tou. J’appris que c’était celui de Ti, l’un des chefs que j’avais connus autrefois : je le trouvai dans un toupapaou mieux construit que les toupapaous ordinaires, et pareil, à tous égards, à celui que nous avions vu quelque temps auparavant à Oheitepeha, où les restes d’Ouaheiadoua sont déposés et embaumés de la même manière. Lorsque nous arrivâmes, le corps était couvert et enveloppé d’étoffes ; mais, à ma prière, l’insulaire qui le gardait le tira du toupapaou ; il le plaça sur une espèce de bière, et nous l’examinâmes à notre aise ; on ne nous permit pas toutefois de pénétrer en dedans des palissades qui enfermaient le toupapaou ; l’insulaire orna le cercueil de nattes et d’étoffes, qui produisaient un joli effet. Le corps était entier dans toutes ses parties, et, ce qui nous surprit bien davantage, la putréfaction paraissait à peine avoir commencé, car il n’exhalait point d’odeur désagréable : cependant le climat est très-chaud, et Ti était mort depuis plus de quatre mois : on n’y apercevait d’autre altération qu’une