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sée, et qu’on eût arrangé le traité de paix. Ce traité déclara O-tou roi de l’île entière ; on l’investit du maro en grande pompe, dans le même moraï, et en présence de tous les chefs de la contrée.

» Lorsque l’exécrable cérémonie dont j’ai fait la description avec une fidélité scrupuleuse fut terminée, nous n’eûmes plus rien à voir à Attahourou, et nous nous embarquâmes à midi, afin de retourner à Matavaï. En chemin, nous descendîmes chez Toaouha, qui était resté sur la petite île où nous l’avions rencontré la veille. Il causa quelque temps avec O-tou sur les préparatifs de guerre, et il me pressa de nouveau de joindre mes forces aux leurs contre les habitans d’Eimeo. Je lui déclarai d’une manière positive que je ne donnerais aucun secours à Taïti, et je perdis complétement ses bonnes grâces.

» Il nous demanda si la cérémonie à laquelle nous venions d’assister avait répondu à notre attente ; quelle opinion nous nous formions de son efficacité, et s’il se passait dans notre pays quelque chose de pareil. Nous avions gardé un silence profond durant l’affreux sacrifice dont j’ai tant parlé ; mais dès le moment où il finit, je n’avais pas hésité à dire librement ma façon de penser à O-tou et aux insulaires qui l’environnaient ; je n’usai pas d’une moindre franchise en parlant à Toaouha, à qui je témoignai combien je trouvais leur coutume odieuse : je ne me contentai point de l’accuser de cruauté