nous permit d’en approcher autant que nous le voulûmes. Celui qui paraissait exercer les fonctions de grand-prêtre était assis à peu de distance : il parla un quart d’heure, en variant ses gestes et les inflexions de sa voix ; il s’adressa toujours à la victime, et il parut souvent lui faire des reproches ; il lui fit différentes questions ; il me sembla qu’il lui demandait si on n’avait pas eu raison de la sacrifier ; d’autres fois il lui adressa des prières, comme si le mort avait eu assez de pouvoir ou de crédit sur la divinité pour en obtenir ce qu’il solliciterait. Nous comprîmes surtout qu’il le suppliait de livrer aux mains du peuple de Taïti Eiméo, le chef Maheiné, les cochons, les femmes, et tout ce qui se trouvait dans cette dernière île. Le sacrifice n’avait pas en effet d’autre but. Il chanta d’un ton plaintif une prière qui dura près d’une demi-heure ; deux autres prêtres, Potatou et une partie de l’assemblée l’accompagnèrent durant cette prière ; l’un des prêtres arracha encore de la tête de la victime quelques cheveux qu’il mit sur des paquets d’étoffes ; ensuite le grand-prêtre pria seul, tenant à la main les plumes dont Toaouha avait fait présent à O-tou. Lorsqu’il eut fini, il donna ces plumes à un second prêtre, qui pria de la même manière. Les touffes de plumes furent déposées sur les paquets d’étoffes, et le lieu de la scène changea.
» On porta le corps dans la partie la plus visible du moraï ; on y porta aussi les plumes,