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plusieurs de ces cimetières. Il y en avait un au bout du chemin qui mène du havre au village ; il offrait un tas de pierres, auquel chaque passant ne manquait pas d’en ajouter une. J’aperçus d’ailleurs plusieurs tertres de pierres qui n’étaient pas un ouvrage de la nature ; quelques-uns me parurent fort anciens. Je ne sais quelle idée ils se forment de la Divinité et de l’état des âmes après la mort ; j’ignore aussi quels sont leurs amusemens : je n’ai rien observé qui pût m’instruire sur ces deux points.

» Ils sont entre eux très-gais, très-affectueux, et se sont toujours conduits envers nous avec beaucoup de civilité. Les Russes nous apprirent qu’ils n’avaient jamais eu de liaison avec les femmes du pays, parce qu’elles ne sont pas chrétiennes. Nos gens ne furent pas si scrupuleux, et quelques-uns d’eux eurent lieu de se repentir de les avoir trouvées si faciles. Il me semble que ces insulaires ne poussent pas leur carrière très-loin : je n’ai point rencontré d’homme ou de femme dont la figure annonçât plus de soixante ans ; très-peu paraissaient en avoir plus de cinquante. La vie pénible qu’ils mènent abrége vraisemblablement leurs jours.

» Depuis l’époque de notre arrivée à la baie du Prince-Guillaume, j’ai souvent eu occasion de dire combien les naturels de cette partie du nord-ouest de l’Amérique ressemblent aux Groënlandais et aux Esquimaux par la figure, les vêtemens, les armes, les pirogues et autres particularités semblables. Cependant je fus