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» J’assistai un jour au dîner du chef d’Ounalachka ; on ne lui servit que la tête crue d’un grand fletan qu’on venait de prendre. Avant de lui offrir les morceaux, deux de ses domestiques mangèrent les ouïes, sans autre préparation que d’en exprimer les glaires : l’un d’eux coupa ensuite la tête du poisson, et la porta sur le rivage de la mer ; quand il l’eut lavée, il la rapporta, et il s’assit aux pieds de son maître : il avait eu soin de cueillir des herbes qui tinrent lieu de plat, et qu’il répandit devant le chef ; il découpa alors des tranches le long des joues, et il les mit à la portée du chef, qui les avala avec autant de plaisir que nous mangeons des huîtres. Dès que le chef eut fini son dîner, les restes de la tête furent dépecés et donnés aux gens de sa suite, qui arrachèrent avec les dents ce qui était bon à manger, et qui en rongèrent les arêtes.

» Ces insulaires ne se peignant point le corps, ne sont pas aussi sales que les sauvages qui s’enduisent de peintures, mais on voit autant d’ordures et de poux dans leurs cabanes. Pour construire leurs habitations, ils creusent en terre un trou oblong qui a rarement plus de cinquante pieds de long et vingt de large, et dont, en général, les dimensions sont moindres. Ils forment sur cette excavation un toit avec les troncs ou les branches d’arbres que la mer jette sur la côte ; le toit est revêtu d’herbes, et ensuite de terre, en sorte qu’il ressemble en dehors à un tas de fumier ; le milieu offre, vers