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leine qu’ils avalent accommodée, et je l’ai trouvée très-bonne ; ils font une espèce de poudding avec du kaviar de saumon broyé et frit, qui leur tient lieu de pain, et qui n’est point mauvais. De temps à autre, ils mangent du véritable pain, ou d’un mets dans lequel il entre de la farine ; mais c’est une friandise extraordinaire. Si j’en excepte le jus des baies qu’ils sucent à leurs repas, ils ne boivent que de l’eau : il me paraît que c’est un bonheur pour eux de ne pas faire usage de liqueurs fortes.

» L’île leur fournit non-seulement des vivres, elle leur procure encore une grande partie de leurs vêtemens : ils portent surtout des peaux ; ils ne pourraient guère trouver de meilleurs habits. Leur habit de dessus a la forme de la blouse de nos charretiers ; il descend jusqu’au genou ; ils mettent par-dessous une veste ou deux ; ils ont des culottes, un bonnet fourré, une paire de bottes dont la semelle et le pied sont de cuir de Russie, et les jambes d’un boyau très-fort. Les deux chefs, Ismyloff et Ivanovitch, portaient un habit de calicot, et ils avaient, ainsi que les autres, des chemises de soie. C’étaient peut-être les seules parties de leurs vêtemens qui n’eussent pas été fabriquées dans le pays.

» Il y a des Russes sur chacune des îles principales situées entre Ounalachta et le Kamtchatka ; ils n’y sont occupés que du commerce des pelleteries ; ils recherchent surtout le castor et la loutre de mer ; ils font aussi des car-