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qui devait se charger de ma lettre ; il parut désirer beaucoup de porter au major Behm quelque chose de ma part ; et, voulant le satisfaire, je le chargeai d’une petite lunette pour cet officier.

» Lorsque nous eûmes fait connaissance avec ces Russes, plusieurs de nos messieurs allèrent visiter leur établissement dans l’île, et ils y furent toujours bien reçus. Ils trouvèrent l’établissement composé, d’une maison et de deux magasins ; indépendamment des Russes, un certain nombre de Kamtchadales et de naturels du pays, qui leur servaient de domestiques ou d’esclaves ; et d’autres insulaires, qui paraissaient indépendans, habitaient le même lieu. Ceux qui appartenaient aux Russes étaient tous mâles ; on les enlève quand ils sont jeunes ; peut-être qu’on les achète. Ils étaient alors au nombre de vingt, qu’on ne pouvait encore regarder que comme des enfans. Tout ce monde occupe la même habitation ; les Russes sont à l’extrémité supérieure, les Kamtchadales au milieu, et les naturels du pays à l’extrémité inférieure, où il y a une chaudière dans laquelle on cuit les alimens. Ils se nourrissent surtout des productions de la mer, de racines sauvages et de baies. On sert à la table des maîtres les mêmes plats qu’à celle des serviteurs ou des esclaves ; mais les mets des premiers sont mieux apprêtés, et les Russes savent donner un goût agréable aux choses les plus communes. J’ai mangé de la chair de ba-