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» D’autres détails, vrais ou faux, que nous donna Ismyloff, méritent d’être rapportés. Il nous dit qu’en 1773 on avait fait une expédition dans l’océan Glacial ; que ses compatriotes étaient allés en traîneaux à trois grandes îles qui se trouvent à l’embouchure de la Kolyma. Nous crûmes d’abord qu’il s’agissait de l’expédition dont parle Muller ; mais il écrivit la date de l’année, et il montra les îles sur la carte. Au reste, un voyage qu’il avait fait lui-même fixa notre attention plus que tous les autres. Il nous apprit que le 12 mai 1771 il était parti de Bolcheretsk sur un bâtiment russe ; qu’il se rendit sur une des îles Kouriles, appelée Marikan, où l’on trouve un havre et un établissement russe ; que de cette île il passa au Japon, où il nous parut avoir séjourné peu de temps. Il nous expliqua que les Japonais, ayant découvert qu’il était chrétien ainsi que ses camarades, l’avertirent par signes de remettre à la voile ; mais, selon ce que nous comprîmes, il n’en reçut aucun outrage, et on n’employa pas la force contre lui. S’il faut l’en croire, après son départ du Japon, il alla à Canton, et de là en France sur un vaisseau français ; de France, il regagna par terre Saint-Pétersbourg, d’où il fut renvoyé au Kamtchatka. Nous ne pûmes jamais savoir ce que devint le bâtiment sur lequel il s’était embarqué d’abord, ni quel avait été l’objet principal de son voyage. Comme il ne pouvait dire un mot de français nous nous défiâmes un peu de la vérité de son