suite Synd, ni de quelle manière ce navigateur employa les deux années que durèrent ses recherches ; peut-être ne comprit-il pas mes questions. Au reste, sur presque tous les autres points nous vînmes à bout de nous entendre : il répéta plusieurs fois qu’il avait été du voyage de Synd ; mais il me resta bien des doutes sur la vérité de ce fait.
» Ismyloff et ceux qui l’accompagnaient affirmèrent qu’ils ne connaissaient point la partie du continent d’Amérique qui se trouve au nord, et que le lieutenant Synd ni aucun autre Russe ne l’avaient vue dans les derniers temps ; ils l’appellent du nom que Staehlin donne à sa grande île, c’est-à-dire, Alachka. Les naturels de ces îles, ainsi que les Russes, ignorent la dénomination de Stahtan nitada, employée dans les cartes modernes : ils se servent simplement de celle d’Amérique. D’après ce que nous avons pu recueillir de nos conversations avec Ismyloff et ses compatriotes, les Russes ont essayé à diverses reprises de s’établir sur la partie du Nouveau-Monde qui est voisine d’Ounalachka et des îles adjacentes ; mais ils ont toujours été repoussés par les naturels, dont ils parlèrent comme d’un peuple très-perfide : ils nous citèrent deux ou trois capitaines ou chefs assassinés par ces indigènes ; et quelques-uns des hommes de la suite d’Ismyloff nous montrèrent les cicatrices des blessures qu’ils avaient reçues dans ces entreprises.