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tente, nous servit du saumon sec et des baies : je jugeai qu’il n’avait rien de meilleur à nous offrir ; il paraissait avoir du bon sens et de l’esprit, et ce fut pour moi un extrême déplaisir de ne pouvoir me faire entendre qu’à l’aide des signes et de quelques figures, ce qui cependant me fut d’un grand secours. Je le priai de venir à mon bord le lendemain ; il y vint en effet accompagné de tout son monde : il s’était établi dans notre voisinage afin de nous voir souvent.

» Je comptais recevoir de lui la carte que ses trois compatriotes m’avaient promise ; mes espérances furent trompées : il m’assura néanmoins qu’il me la procurerait, et il tint parole. Je vis qu’il connaissait très bien la géographie de cette partie du monde, et toutes les découvertes qu’y ont faites les Russes. Du moment où il jeta les yeux sur nos cartes modernes, il m’en indiqua les erreurs ; il me dit qu’il avait été de l’expédition du lieutenant Synd. D’après son rapport, Synd ne s’éleva pas au nord au delà du Tchoukotskoï noss, ou plutôt de la baie de Saint-Laurent ; car, en examinant ma carte, il fixa le dernier point de la route à l’endroit même où j’étais descendu. Il ajouta que Synd atteignit ensuite une île située par 63° de latitude, dont il ne me donna point le nom, et sur laquelle l’équipage ne débarqua point ; mais je présume que c’est la même que j’ai appelée île de Clerke, il ne put ou il ne voulut pas nous dire quelle route fit en-