étions pas trompés. Lediard, caporal des soldats de marine, homme fort intelligent, accompagna Derramouchk : je lui recommandai de se procurer des informations ultérieures, et s’il rencontrait des Russes, de tâcher de leur faire comprendre que nous étions Anglais, c’est-à-dire des amis et des alliés de leur nation.
» Lediard revint le 10 avec trois matelots russes ou commerçans en pelleteries ; ils résidaient, ainsi que quelques autres de leurs compatriotes, à Egoukhchak, où ils avaient une maison, des magasins, et un sloop d’environ trente tonneaux. L’un des trois était le patron ou lieutenant du bâtiment ; un autre écrivait très-bien, et savait se servir des chiffres arabes ; je leur trouvai à tous de l’intelligence et une bonne tenue, et ils m’auraient donné avec plaisir les renseignemens que je pouvais désirer ; mais n’ayant point d’interprète, il nous fut très-difficile de nous entendre. Ils semblaient être instruits des tentatives faites par leurs compatriotes pour découvrir un passage dans la mer Glaciale ; et les terres découvertes par Behring, Tchirikoff et Spangenberg, ne leur étaient pas étrangères ; mais ils ne paraissaient connaître que le nom du lieutenant Syndo ou Synd[1], et quand nous leur eûmes présenté la carte de Staehlin, nous jugeâmes qu’ils n’avaient pas la moindre idée des terres qu’on y trouve tracées.
- ↑ Le peu qu’on sait du voyage de Synd se trouve, avec une carte, dans les Nouvelles découvertes des Russes, par M. Coxe.