de sapin, et dont aucun n’avait plus de six à huit pouces de diamètre ; mais nous en rencontrâmes quelques-uns de couchés sur la grève, qui étaient deux fois plus gros. Tout le bois qui flottait dans cette partie de la mer était de sapin ; nous n’en vîmes pas un morceau d’une autre sorte.
» Le lendemain, une des familles du pays s’approcha de l’endroit où nous embarquions du bois. J’ignore quel nombre elle formait lorsqu’elle arriva ; je comptai seulement le mari, la femme, un enfant, et un homme si perclus de ses membres, que je n’en avais jamais vu, ou qu’on ne m’en avait jamais cité un pareil. Le mari était presque aveugle, et sa physionomie, non plus que celle de sa femme, n’annonçait pas autant de douceur que celle des indigènes que j’avais eu occasion de rencontrer sur cette côte. Leur lèvre inférieure était percée. Ils mettaient le fer au-dessus de tout. En échange de quatre couteaux que nous avions faits avec un vieux cercle de fer, ils me donnèrent environ quatre cents livres de poissons qu’ils avaient pris pendant la journée ou la veille. Il y avait des truites, et les autres tenaient le milieu, pour la grosseur et la saveur, entre le mulet et le hareng. J’offris quelques grains de verroterie à l’enfant, qui était une fille ; sur quoi la mère fondit en larmes ; le père pleura ensuite ; l’homme perclus de ses membres versa aussi des pleurs un moment après ; et enfin la fille elle-même imita