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seaux auraient pu y passer. Si je ne l’avais pas mesurée, je n’aurais jamais imaginé qu’il y eût au-dessus du niveau de la mer un poids de glace assez fort pour tenir la partie inférieure si avant dans l’eau. Ainsi il peut arriver qu’une saison orageuse détruise plus de glaces que n’en forment plusieurs hivers, ce qui les empêche de trop s’accroître : mais tous les navigateurs qui ont navigué dans des parages semblables concluront qu’il y en reste toujours un fond en réserve ; et cette vérité ne peut être contestée que par des physiciens qui arrangent des systèmes dans leur cabinet.

» Le 18 à midi, la latitude fut de 70° 44′. Nous nous étions avancés de cinq milles de plus à l’est. Nous étions en ce moment tout contre le bord de la glace, qui était solide comme un mur, et semblait avoir au moins dix à douze pieds de haut. Mais, plus avant dans le nord, elle paraissait beaucoup plus haute. Sa surface était extrêmement raboteuse, et l’on y apercevait des flaques d’eau.

» Nous fîmes alors route au sud, et, après avoir parcouru six lieues, la profondeur de l’eau diminua jusqu’à sept brasses ; bientôt nous la retrouvâmes de neuf. Alors le temps qui avait été brumeux s’étant un peu éclairci, nous vîmes la terre qui s’étendait du sud à l’est à environ trois à quatre milles de distance. L’extrémité orientale forme une pointe qui était encombrée de glaces, ce qui lui fit donner le nom de cap Glacé (Icy cape). Sa latitude est de