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épaisses, nous servirent beaucoup pour la garniture de nos agrès. Les dents ou les défenses de la plupart de ces animaux étaient très-petites à cette époque de l’année : quelques-unes même des plus grosses et des plus âgées n’excédaient pas six pouces de longueur. Nous en conclûmes que leurs vieilles dents étaient tombées depuis peu.

» Ils se tiennent sur la glace en troupeaux de plusieurs centaines ; ils se roulent pêle-mêle les uns sur les autres, comme les cochons. Leur voix est très-éclatante ; en sorte que pendant la nuit, ou dans les temps brumeux, ils nous avertirent du voisinage de la glace avant que nous pussions la découvrir. Nous n’avons jamais trouvé tout le troupeau endormi ; nous en remarquâmes toujours quelques-uns qui faisaient sentinelle. Ceux-ci éveillaient leurs camarades à l’approche de nos canots, et l’alarme se communiquant peu à peu, la troupe entière se montrait éveillée ; mais ils ne se hâtaient ordinairement de prendre la fuite qu’après que nous leur avions tiré des coups de fusil. Alors ils se jetaient à la mer avec le plus grand désordre. Quand nous n’avions pas tué à la première décharge ceux que nous tirions, nous les perdions communément, quoiqu’ils fussent blessés à mort. Ils ne nous parurent pas aussi dangereux que certains auteurs l’ont dit ; ils ne nous semblaient pas même redoutables lorsque nous les attaquions. Leur mine est plus effrayante que