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et deux dents de morse. J’ignore si les largesses commencèrent de mon côté ou du leur ; il me parut qu’ils avaient apporté ces choses afin de me les offrir, et qu’ils me les auraient présentées quand même ils n’auraient rien reçu de moi.

» Je les jugeai très-craintifs et très-circonspects, et ils me prièrent par gestes de ne pas laisser avancer les gens de ma troupe : l’un d’entre eux, sur les épaules duquel je voulus mettre la main, tressaillit, et recula de plusieurs pas. Ils se retirèrent à mesure que j’approchai ; ils étaient prêts à faire usage de leurs piques, et ceux qui se trouvaient sur le monticule se disposaient à les soutenir avec leurs traits. J’arrivai insensiblement au milieu d’eux, ainsi que deux ou trois de mes compagnons. Des grains de verroterie que je leur distribuai leur inspirèrent bientôt une sorte de confiance ; ils ne s’alarmèrent plus lorsqu’ils virent que quelques autres de mes gens venaient nous joindre ; et les échanges entre nous commencèrent peu à peu. Nous leur donnâmes des couteaux, des grains de verroterie, du tabac, et ils nous donnèrent plusieurs de leurs vêtemens et un petit nombre de traits : mais rien de ce que nous leur offrîmes ne put les engager à nous céder une pique ou un arc. Ils eurent soin de les tenir toujours en arrêt ; ils ne les quittèrent jamais, si j’en excepte quatre ou cinq hommes qui les déposèrent une fois pour nous régaler d’une danse et d’une chanson :