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parlé plus haut, et d’après la politesse de ces insulaires, il était évident que les Russes entretenaient des communications et un commerce avec eux ; mais nous en eûmes une nouvelle preuve : celui qui vint nous trouver ici portait des culottes de drap vert, et au-dessous de la robe de boyaux dont on se revêt dans le pays, une longue veste de drap noir. Il n’avait à vendre qu’une peau de renard gris et des meubles ou des harpons de pêche : les pointes de ces harpons étaient d’os et proprement travaillées dans la longueur de plus d’un pied ; elles étaient de l’épaisseur d’une canne ordinaire, et sculptées. Nous aperçûmes dans son canot une vessie remplie de quelque chose que nous prîmes pour de l’huile, car il l’ouvrit ; et, après avoir rempli sa bouche de ce qu’elle contenait, il la referma.

» Sa pirogue était de la même construction que celles que nous avions vues auparavant, mais plus petite. Il se servait de la pagaie à double pale ; les naturels qui étaient allés le long du bord de la Découverte s’en servaient aussi. Il ressemblait exactement, par la taille et par les traits, aux habitans que nous avions vus dans la baie du Prince Guillaume et à la rivière de Cook ; mais son corps n’offrait aucune peinture ; sa lèvre était trouée dans une direction oblique, et sans ornement. Nous lui dîmes quelques-uns des mots que répétèrent souvent les Américains que nous avions quittés en dernier lieu ; il ne parut pas les comprendre.