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tour de leur cou par une lanière cachée sous leur robe ; ils ne se servent probablement de ceux-ci que comme d’une arme meurtrière. Au reste, chacun de leurs ouvrages est achevé comme s’ils avaient un assortiment complet de nos outils ; et les coutures et les tresses qu’ils font avec leurs nerfs, les marqueteries qu’offrent leurs petits sacs peuvent être comparées à ce qu’on trouve en ce genre de plus parfait en Europe. En un mot, si on réfléchit à l’état de grossièreté et de barbarie dans lequel vivent d’ailleurs ces sauvages, à la rigueur de leur climat, aux neiges dont leur pays est toujours couvert, et aux misérables outils qu’ils emploient, on jugera qu’aucune nation ne peut être mise au-dessus d’eux pour l’esprit d’invention et d’adresse de ces ouvrages mécaniques.

» Nous ne leur avons vu manger que du poisson sec et de la chair grillée ou rôtie. Nous achetâmes de cette chair ; elle nous parut être de l’ours, mais elle avait un goût de poisson. Ils se nourrissent aussi de la racine d’une grande fougère qu’ils font cuire au four, ou qu’ils apprêtent d’une autre manière. Plusieurs de nos gens les virent encore manger volontiers d’une substance que nous avons jugée être la partie intérieure de l’écorce du pin. Leurs canots étaient remplis de vases de bois contenant de la neige qu’ils avalaient avec avidité ; peut-être qu’il serait plus pénible pour eux de transporter de l’eau dans ces vases ouverts. Leur ma-