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jetaient en saillie, et un second qui s’efforça d’y faire entrer un gros bouton de cuivre.

» Les hommes enduisent souvent leur visage d’un rouge éclatant et d’une couleur noire, quelquefois d’une couleur bleue ou d’une autre qui a la teinte du plomb ; mais ils n’y tracent pas de figures régulières. Les femmes essaient à quelques égards de les imiter en se barbouillant le menton d’une substance noire qui se termine en pointe sur chaque joue, mode assez semblable à celle qui, au rapport de Crantz, est très-répandue parmi les femmes du Groënland. Ils ne se peignent point le corps ; ce qu’il faut peut-être attribuer à la disette des matières propres à cet usage ; car les couleurs qu’ils apportèrent à notre marché, dans des vessies étaient en petite quantité. Au reste, je n’ai jamais vu de sauvages qui se donnent plus de peine que ceux-ci pour orner ou plutôt pour défigurer leur personne.

» Ils ont deux espèces de canots : l’un grand et ouvert, et l’autre couvert et petit. J’ai déjà dit que nous comptâmes vingt femmes et un homme, outre les enfans, dans une de leurs grandes pirogues. J’examinai attentivement cette embarcation ; et, après l’avoir comparée à la description que donne Crantze de la grande pirogue ou de la pirogue des femmes du Groënland, j’ai reconnu qu’elles sont construites l’une et l’autre de la même manière que les diverses parties se correspondent, que toute la différence consiste dans la forme de l’avant et de l’arrière, et en