Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sieurs d’entre eux montèrent à bord sans aucune cérémonie ; ils tirèrent leurs couteaux : ils firent signe à l’officier et à l’un des matelots qui étaient sur le pont de se tenir à l’écart, et ils promenèrent leurs regards de côté et d’autre, afin de voler ce qui leur conviendrait. Ils s’emparèrent d’abord du gouvernail d’un des canots, et ils le jetèrent à ceux d’entre eux qui se tenaient dans les pirogues. Ils n’avaient pas eu le temps de découvrir un autre objet qui plût à leur fantaisie, lorsque l’équipage de la Découverte prit l’alarme et se montra armé de coutelas. À cet aspect, les voleurs se retirèrent dans leurs embarcations avec autant d’assurance et de sang-froid qu’ils avaient abandonné le canot de la Résolution. Selon l’observation du capitaine Clerke, ils racontèrent à ceux qui n’avaient pas été à bord de combien les couteaux du vaisseau étaient plus longs que les leurs. Mon canot prenait des sondes sur ces entrefaites ; ils l’aperçurent, et, ainsi que je l’ai déjà dit, ils l’abordèrent après avoir vu échouer leur projet contre la Découverte. Je suis persuadé que, s’ils vinrent nous voir de si grand matin, c’est qu’ils comptaient nous trouver endormis et nous voler à leur aise.

» Ne peut-on pas conclure raisonnablement qu’ils ne connaissaient point les armes à feu ? S’ils avaient eu la moindre idée de ces instrumens meurtriers, ils n’auraient pas essayé d’enlever un de mes canots à la portée de mon artillerie, et à la face de cent hommes ; car la