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mérique en 1774 et 1776 ; mais ils n’abordèrent pas à Noutka[1] ; d’ailleurs le fer y était trop commun ; un trop grand nombre de sauvages en possédaient des morceaux ; les gens du pays savaient trop bien l’employer pour croire qu’ils eussent acquis cette richesse et cette connaissance à une époque si récente, ou même pour imaginer qu’il leur était venu plus anciennement d’un seul vaisseau. Comme ils en font un usage universel, on peut supposer sans doute qu’ils le tirent d’une source constante et habituelle par la voie des échanges, et que ce commerce est établi dès long-temps parmi eux, car ils se servent de leurs outils et de leurs instrumens avec toute la dextérité que peut donner une longue habitude. S’il faut dire quel est le plus vraisemblable des moyens qui peuvent leur procurer du fer, je pense que c’est en formant des échanges avec d’autres tribus de l’Amérique, qui ont une communication immédiate avec les établissemens européens du Nouveau-Monde, ou qui les reçoivent par le canal de plusieurs nations intermédiaires. Cette observation est applicable aussi au laiton et au cuivre que nous avons trouvés parmi eux.

  1. Nous savons aujourd’hui que la conjecture du capitaine Cook était bien fondée. Il paraît, par le Journal du voyage des Espagnols, qu’ils ne communiquèrent avec les naturels de cette partie de la côte d’Amérique qu’en trois endroits, à 41° 7′, à 47° 21′, et à 57° 18′ de latitude : ainsi ils n’abordèrent pas à moins de de Noutka, et il est très-vraisemblable que les habitans de cette baie n’avaient jamais entendu parler des vaisseaux espagnols.