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diverses couleurs : les plus communes sont le brun foncé ou le jaune. Cette dernière, lorsqu’elle est fraîche, égale en éclat les plus beaux de nos tapis.

» Les arts d’imitation se tiennent de fort près, et il ne faut pas s’étonner que ces Indiens, qui savent tracer des figures sur leurs vêtemens, et les sculpter sur le bois, sachent aussi les dessiner en couleur. Nous avons vu toutes les opérations de leur pêche de la baleine peintes sur leurs bonnets. Quoiqu’elles fussent grossièrement exécutées, elles prouvent du moins que, malgré leur ignorance absolue de ce qui a rapport aux lettres, et outre les faits dont ils gardent le souvenir par leurs chants et leurs traditions, ils ont quelques notions d’une méthode pour rappeler et représenter d’une manière durable ce qui se passe dans le pays. Nous observâmes d’autres figures peintes sur leurs meubles et leurs effets ; mais j’ignore si on doit les regarder comme des symboles qui ont une signification déterminée et reconnue, ou si ce sont uniquement des effets de l’imagination et du caprice.

» La construction des pirogues est fort simple, mais elles paraissent très-propres à l’usage auquel on les destine ; un seul arbre compose les plus grandes, qui portent vingt hommes, et quelquefois davantage ; on en voit beaucoup qui ont quarante pieds de long, sept de large, et trois de profondeur. Elles se rétrécissent peu à peu depuis le milieu jusqu’aux deux extré-