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y noue des fils tressés, séparés l’un de l’autre par un intervalle d’un demi-pouce. D’après leurs procédés, leur étoffe n’est ni aussi serrée, ni aussi ferme que celle qu’on fait au métier ; mais les faisceaux qui demeurent entre les divers nœuds remplissent les intervalles, et la rendent assez impénétrable à l’air ; elle a d’ailleurs l’avantage d’être plus douce et plus souple. Quoique leurs habits soient probablement fabriqués de la même façon, ils ressemblent beaucoup à une étoffe tissue ; mais les diverses figures qu’on y remarque ne permettent pas de croire qu’on les a travaillés au métier ; car il est peu vraisemblable que ces Indiens aient assez d’adresse pour finir un ouvrage si compliqué autrement qu’avec leurs mains. Leurs étoffes ont différent degrés de finesse ; quelques-unes ressemblent à nos couvertures de laine les plus grossières ; d’autres égalent presque nos couvertures les plus fines ; elles sont même plus douces et plus chaudes. Le petit poil, ou plutôt le duvet, qui en est la matière première, paraît venir de différens animaux, tels que le renard et le lynx brun. Celui qui vient du lynx est le plus fin, et, dans son état naturel, il a presque la couleur de nos laines brunes grossières ; mais, en le travaillant, ils y mêlent les grands poils de la robe des animaux, ce qui donne à leurs étoffes une apparence un peu différente. Les ornemens ou les figures répandues sur leurs habits sont disposés avec beaucoup de goût ; ils offrent ordinairement