car nous les avons vus se nourrir des feuilles de groseillier et de celles de lis au moment où ils les détachaient de la plante ou de l’arbrisseau. Ils paraissent ne point se soucier des plantes qui ne sont pas douces, ou qui sont un peu trop âcres ; car nous ne pûmes jamais les déterminer à manger du poireau ou de l’ail. Cependant ils en apportèrent beaucoup à notre marché, lorsqu’ils s’aperçurent que nous aimions ces deux plantes. Ils ne semblaient avoir aucun goût pour ce que nous mangions ; et quand nous leur présentâmes des liqueurs spiritueuses, ils les rejetèrent comme quelque chose de peu naturel et de désagréable au goût.
» Ils mangent quelquefois encore de petits animaux marins frais ; mais ils sont dans l’usage de rôtir ou de griller les choses dont ils se nourrissent ; car ils ne connaissent pas du tout notre méthode de faire bouillir des alimens, à moins qu’on ne veuille la trouver dans l’espèce de bouillon qu’ils tirent du marsouin : leurs vases, étant de bois, ne pourraient résister au feu.
» La malpropreté de leurs repas répond parfaitement à celle de leurs cabanes et de leurs personnes. Il paraît qu’ils ne lavent jamais les augets et les plats de bois dans lesquels ils prennent leur nourriture, et que les restes dégoûtans d’un dîner précédent sont mêlés avec le repas qui le suit. Ils rompent aussi, avec leurs mains et leurs dents, toutes les choses solides ou coriaces ; ils font usage de leurs cou-